Les industriels du tabac et la cigarette électronique
Dans son récent rapport sur la cigarette électronique, l’OMS s’inquiétait de la présence toujours plus importante des industriels du tabac sur le marché de la cigarette électronique. Et pour cause, depuis 2013, les grands cigarettiers ne cessent de racheter des entreprises fabriquant ou distribuant des ecigs et lancent chacun leur tour des cigalikes pour tester le marché. Ciga.fr fait un point (tout à fait objectif…) sur la présence de Big Tobacco dans le monde de la vape.
Les cigarettiers et l’ecig : une histoire de gros sous
Pendant presque cent ans, les industriels du tabac ont pu tuer sans complexes et sans être inquiétés par les Etats, en vendant leurs cigarettes, bourrées d’additifs destinés à créer une dépendance rapide et mortifère (on vous avait prévenus que ce billet serait objectif…). Mais, dès les années 60, les Etats ont commencé à se rendre compte de la supercherie et des techniques scandaleuses des cigarettiers pour captiver leurs cibles : c’est-à-dire nous. En outre, les Etats ont pris conscience du coût exorbitant induit par le traitement des maladies liées au tabac (47 milliards d’euros par an en France…). Les réglementations ont donc commencé, de même que les grands procès aux Etats-Unis. Puis les choses se sont stabilisées, les ventes ont continué doucement à progresser (mais nous étions informés que nous consommions de la mort à petit feu), et les Etats ont pu prendre leur large part de ce beau gâteau, estimé à 100 milliards de dollars, juste aux Etats-Unis…
Puis la cigarette électronique est arrivée. Et elle a provoqué un raz de marée. En quelques années, elle a conquis de nombreux fumeurs qui avaient enfin à leur disposition un moyen efficace, peu coûteux et accessible de se libérer de leur dépendance au tabac ! Et pour la première fois dans toute l’histoire des industriels du tabac, les ventes de cigarettes ont baissé de manière significative et durable !
Ainsi, aujourd’hui, on estime que le marché de la cigarette électronique représente 3 milliards de dollars au niveau mondial et pourrait représenter 17 milliards en 2017. Une paille par rapport au marché du tabac, mais une progression à 2 chiffres et, surtout, un potentiel de destruction du marché du tabac à long terme que BigTobacco ne pouvait accepter.
L’arrivée de BigTobacco dans le monde de la cigarette électronique
C’est donc en 2013 que les industriels du tabac ont massivement investi le marché de la cigarette électronique. Avec leur force de frappe, issue de décennies de profits astronomiques, ils ont pu racheter à tour de bras une majorité des distributeurs et fabricants de cigarette électronique aux Etats-Unis. Ainsi, aujourd’hui, Imperial Tobacco (Gauloises, Fortuna, Peter Stuyvesant, JPS, etc.) représente 45% du marché américain de la e-cig pré-remplie, les fameuses cigalikes dont nous parlions dans un précédent billet.
Mais le pire est sans doute que ce même géant du tabac a racheté fin 2013 la société chinoise de l’inventeur de la cigarette électronique… pour faire main basse sur ses brevets ! Or, avec ces brevets, comme le rappelle l’OMS dans son dernier rapport (voir la citation du rapport, en fin d’article), Imperial Tobacco porte en justice des fabricants de vaporisateurs personnels pour violation de propriété industrielle. Objectif : dominer le marché en étouffant dans l’œuf une concurrence qui n’a pas les mêmes moyens financiers.
Des géants du tabac très portés sur les cigalikes
Le grand danger vient également du fait que les géants du tabac misent essentiellement sur les cigalikes (Blu, Markten, Ploom, etc.)… de très mauvaise qualité ! Procurant peu de vapeur, un goût souvent désagréable ou simplement sans intérêt et parfois même nocives, si l’on en croit les études, notamment celles de 60 millions de consommateurs, ces cigalikes ne peuvent que difficilement détourner les fumeurs de la cigarette de tabac. On peut donc aisément soupçonner les industriels du tabac de volontairement fabriquer des cigalikes de mauvaise qualité, pour être sûrs de récupérer dans leur giron les fumeurs tentés par l’ecig. C’est d’autant plus à craindre que (même si pour l’instant la France est globalement épargnée par cette mainmise des cigarettiers – cela ne durera peut-être pas) si les géants du tabac réussissent à racheter et/ou faire fermer les principaux fabricants de cigarettes électroniques de type eGo et/ou de mods, on n’aura d’autre choix que de se tourner vers leurs cigalikes médiocres… ou de retourner vers le tabac !
Mais pour l’instant l’on tient bon et, heureusement, les fabricants de cigarettes électroniques et de e-liquides continuent d’innover pour nous proposer des produits d’une qualité toujours meilleure. Espérons que cela dure…
Pour continuer la lecture, n’hésitez pas à aller lire l’excellent billet à ce sujet sur le site stop-tabac.ch, émanant de l’institut de santé globale dela Faculté de Médecine de Genève.
Sur ce, bonne réflexion.
Et bonne vape !
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