Enquête de la DGCCRF sur l’e-cig : Scandale d’une campagne pro-tabac
Ah l’actualité nous offre régulièrement des sujets d’énervement. Mais celui-ci est particulièrement difficile à avaler. Vous n’avez pas pu en effet rater cette « info » de la semaine : d’après la DGCCRF, les cigarettes électroniques présenteraient de graves anomalies. Retour sur le scandale d’une campagne pro-tabac.
Encore un bel exemple de déontologie journalistique
- « Attention, des cigarettes électroniques présentent de «nombreuses anomalies» » (Le Figaro)
- « Cigarette électronique : une enquête pointe de "nombreuses anomalies" » (Le Point)
- « Cigarette électronique : 90 % des produits ne sont pas conformes » (Le Point, qui fait manifestement très fort)
- Le meilleur (non pour le titre mais pour le contenu de l’article) « Cigarette électronique. De nombreuses anomalies » (Le Télégramme)
- Et surtout le sujet du 20h de TF1, le journal télévisé le plus regardé en France, qui n’y va pas de main morte pour faire peur aux Français…
Voilà une liste non exhaustive de titres de grands journaux français au lendemain de la publication du communiqué de la DGCCRF. Des titres racoleurs qui font un mal fou au vaporisateur personnel en laissant croire, une fois de plus, que celui-ci est dangereux… alors même que l’enquête de la DGCCRF fait état essentiellement de problèmes d’étiquetage des e-liquides !
Le problème c’est que, mis à part l’article du Télégramme, les articles précisent bien dans leurs contenus la teneur des mises en garde ! Mais il faut vendre, il faut générer du clic et du partage… sauf que sur le web, 75% des internautes partagent sans lire l’article !
Mais nous nous devons de citer au moins une phrase de l’article du Télégramme pour montrer à quel point l'intox est parfois vive : « Attention, vapoter n'est pas si anodin que cela pour la santé » !! Un article à lire absolument pour mesurer le niveau de désinformation dont sont capables certains médias. Le/la « journaliste » à l’origine de ce papier déforme complètement les mises en garde de la DGCCRF pour en faire une campagne anti e-cig virulente. Edifiant…
Des réactions qui ne se sont pas faites attendre
Chez Morandini, sur Europe 1, lors du grand direct de la santé du 30 septembre, Bertrand Dautzenberg est donc immédiatement monté au créneau en dénonçant une campagne pro-tabac pilotée par Bercy à quelques jours des débats sur la loi santé, selon lui pour faire peur aux consommateurs et les maintenir dans le tabac.
Notre pneumologue favori n’y va pas avec le dos de la cuillère puisqu’il annonce clairement et fermement que l’Etat, en orchestrant la publication de cette enquête à seulement 10 jours d’un vote décisif de la loi anti-tabac, vise manifestement à empêcher les Français de se libérer du tabac pour préserver la rente indigne des buralistes et de Big Tobacco (n’hésitez pas à écouter l’intervention complète du Docteur Dautzenberg, elle est passionnante).
Des accusations douteuses
« La DGCCRF est incapable de nous dire ce que c’est qu’une e-cigarette conforme ! » précise-t-il d’ailleurs. Et voilà bien où est le problème, également dénoncé par la Fivape : sur le plateau de Bourdin sur BFM, comme dans son communiqué, l’organisation des professionnels de la vape rappelle en effet que cela fait 2 ans qu’elle réclame une notice claire et précise permettant d’étiqueter convenablement les flacons de e-liquide. Cette notice n’a été finalement fournie… qu’en juin dernier, soit plus d'un an après la fin de l’enquête de la DGCCRF !
D’ailleurs, la seule norme NF qui existe pour les cigarettes électroniques a été créée… à l’initiative des professionnels de la vape ! On comprend donc que la Fivape s’estime trahie par une institution qui aurait dû rester un partenaire fiable pour proposer des dispositions permettant de protéger les consommateurs.
Notons tout de même un article du Quotidien du médecin qui crie également au scandale, par la voix notamment d'une tabacologue, la Docteure Anne Borgne. Un article à lire impérativement : "Le rapport de la DGCCRF sur la e-cigarette : des tabacologues exhortent à rassurer les vapoteurs".
La DGCCRF botte en touche
Interrogée par Sciences et Avenir (décidément engagé en faveur de la vape…), la DGCCRF répond, par son service presse, en bottant en touche : « Nous sommes restés très factuels en utilisant une terminologie simple. Peut-être que les journalistes l'ont lu trop rapidement. Mais il est vrai qu'on ne se prononce absolument pas sur l'aspect sanitaire, sur les risques pour la santé humaine. »… et ce, tout en refusant aux journalistes de S&A d’accéder au contenu in extenso de l’enquête ou encore de pouvoir interroger les enquêteurs auteurs !
Un scandale inique
Rappelons encore une fois qu’un fumeur sur deux mourra à cause du tabac, qui tue chaque année en France 78 000 personnes environ, soit 25 fois plus que les accidents de la route ! Aussi, alors que tout le monde s’accorde à dire que le vaporisateur personnel est un formidable outil de sevrage et de réduction des risques, on peut se scandaliser d’une telle propagande anti e-cig qui n’aura qu’un seul effet : maintenir des millions de fumeurs dans le tabagisme, les condamnant à une mort prématurée quasi certaine.
Sur ce, bonne vape !
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