La cigarette électronique, cancérigène ?! Nouvelle étude en question
La nouvelle année commence mal… ou plutôt c’est la précédente qui s’est mal terminée ! En effet, au mois de décembre, plusieurs médias français, britanniques et américains se sont fait l’écho, d’une manière douteuse d’ailleurs, d’une étude américaine qui a étudié la cytotoxicité de la vapeur de cigarette électronique. Le problème : comme le rappelle une scientifique britannique dans le Guardian (voir plus bas), les résultats de l’étude sont à l’opposé des titres de journaux ! Le point sur la question.
Protocole de l’étude du Dr Wang-Rodriguez sur la cytotoxicité de l’e-cigarette
Pour commencer rappelons que l’on appelle cytotoxicité la propriété d’un composé à attaquer des cellules. Spécialiste des cancers de la gorge et des poumons, le Dr Wang-Rodriguez a donc souhaité évaluer la cytotoxicité comparée de la vapeur de cigarette électronique et de la fumée de tabac.
Pour ce faire, l’étude, dans une logique de comparaison, a reposé sur un principe simple :
- Exposer in vitro des cellules épithéliales à de la fumée de cigarette (Marlboro rouge)
- Exposer, toujours in vitro, le même type de cellules épithéliales à de la vapeur de cigarette électronique
Côté e-cigarette, le Dr Wang-Rodriguez a utilisé plusieurs matériels différents :
- VaporFi : du matériel chinois (sans doute Aspire, Kanger et Joyetech vu le matériel) rebrandé
- V2 : des cigalikes et des « Vaporizers » permettant également de vaporiser des feuilles de tabac, miam…
Ceci dit, c’est bien du liquide qui a été utilisé pour l’étude, dans les deux cas du e-liquide tabac standard.
Dans les deux cas, les équipes ont exposé d’un côté des cellules saines et de l’autre des cellules cancéreuses. L’objectif étant d’analyser les perturbations sur l’ADN (les cellules cancéreuses étant des cellules dont l’ADN a été modifié, provoquant ainsi un développement anarchique) et, plus simplement, la mortalité des cellules exposées comparativement à de la fumée de tabac et de la vapeur de cigarette électronique.
Résultats de l’étude sur la cytotoxicité de l’ec-ig
Le premier résultat, largement « oublié » par les médias, est celui-ci : au bout de 24h, le test avec la fumée de tabac a dû être arrêté en raison de la considérable cytotoxité de cette dernière. Les cellules exposées à la fumée de tabac étaient toutes mortes !
En revanche, le test avec la vapeur d’e-cigarette a pu continuer pendant 8 semaines ! A l’issue de ces 8 semaines, les résultats sont plus nuancés que ne veulent le faire croire les médias :
- Effectivement, par rapport aux cellules non-exposées, les échantillons exposés à la vapeur d’e-cigarette présentaient un taux de mortalité plus élevé ;
- Effectivement, par rapport aux cellules non exposées, les échantillons exposés à la vapeur d’e-cigarette présentaient un taux plus élevé de cellules dont la capacité à se reproduire avait été endommagée.
On peut donc conclure que, in vitro, la vapeur de cigarette électronique n’est pas absolument sans danger pour la santé et peut présenter des risques. Quel hasard : cela fait des années maintenant que les professionnels sérieux ne disent pas autre chose. Nous nous bornons à rappeler que la cigarette électronique est un dispositif permettant d’entrer dans une logique de réduction des risques liés au tabagisme !
En outre :
- Manifestement, le test a pu être conduit sur 8 semaines et à l’issue de ces 8 semaines, de nombreuses cellules étaient encore vivantes et en bonne santé, merci pour elles !
- Si la capacité de reproduction des cellules et certains dommages sur l’ADN ont pu être découvert, en aucun cas on ne peut conclure au caractère cancérigène de la vapeur d’e-cigarette !
- Les cellules exposées au tabac ont toutes été détruites, purement et simplement, au bout de 24h !
- Les conditions de l’étude, de l’aveu-même de la scientifique en charge de sa conduction, ne reflètent en rien les conditions normales d’exposition des vapoteurs !
La réaction d’une scientifique britannique
Le traitement médiatique de cette étude a fait vivement réagir une scientifique, professeure de santé publique, qui a dans la foulée publié une tribune dans le Guardian.
« Few things are risk free, and no one has claimed that e-cigarettes are. However, as an alternative to a uniquely deadly product that kills one in two of its regular users, who lose on average ten years of life, e-cigarettes are a far better alternative. »
Linda Bauld, professeur en politique de santé publique dans une tribune sur le site du Guardian
La scientifique de conclure d’ailleurs (désolé pour la traduction) :
« Déformer des résultats de recherche pour dire le contraire de ce qu’ils disent dessert les politiques, les professionnels de santé, le public en général et, plus important encore, les fumeurs qui cherchent un moyen efficace d’arrêter de fumer avec la cigarette électronique. De récentes études à la fois aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne ont montré qu’une part croissante de fumeurs pense que ces alternatives au tabac sont aussi dangereuses que les cigarettes. Les études comme celle-ci et les matraquages médiatiques au sujet de leurs résultats contribuent à cette erreur de perception. Pendant ce temps, des dizaines de milliers de personnes souffrent et meurent prématurément chaque année en Grande-Bretagne à cause du cancer, de maladies cardiovasculaires et autres maladies directement liées au tabagisme. La cigarette électronique offre une issue de secours possible. Les chercheurs et les journalistes ont le devoir d’arrêter de bloquer cette issue. »
Vous le voyez, le combat continue pour faire cesser la désinformation. D’ailleurs, cette étude de plus a été celle de trop. Les vapoteurs débutants sont de plus en plus nombreux à nous rapporter des propos qui leurs sont tenus selon lesquels la cigarette électronique serait plus dangereuse que le tabac. On en parlait dans un précédent billet, aujourd’hui, 2/3 de la population pensent que c’est le cas. Nous planchons donc actuellement sur un petit guide, clair et concis, à l’usage des vapoteurs, pour contrer ces affirmations fausses. A suivre, donc.
Bonne vape !
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