L’e-cig plus addictive que le tabac ? Big Tobacco a-t-il encore frappé ?
C’est une info qui est passée relativement inaperçu, publiée dans Metronews au tout début du mois d’août avec un titre racoleur (pour changer) : « Cigarette électronique : et si elle nous rendait encore plus dépendant ? ». Pour affirmer une telle chose, le/la « journaliste » prétend s’appuyer sur une étude publiée dans le désormais célèbre (pour les vapoteurs) journal scientifique, le Nicotine and Tobacco Research. Analyse de Ciga.
Que dit l’article ?
Partons du point de départ de notre réflexion d’aujourd’hui sur un prétendu pouvoir addictif de la cigarette électronique supérieur à celui des cigarettes de tabac : l’article de Metronews. L’article avance que c’est parce qu’elle est sous forme liquide que la nicotine serait plus addictive dans l’e-cigarette que dans le tabac !
Tiens, étrange, puisque, d’après de nombreuses études, et également d’après Jacques Le Houezec, spécialiste de la nicotine, ce n’est justement pas elle qui rendrait le plus dépendant (on en trouve en quantité non négligeable dans les tomates, les pommes de terre, les aubergines, etc.), mais bien une quantité d’autres produits contenus dans la fumée de cigarette… Toutefois, l’on sait que la dépendance au tabac doit passer par la consommation de nicotine.
Mais passons et allons plus loin. « Les scientifiques ont constaté que l’utilisation d’une e-cigarette dont la batterie dégage une tension élevée (…) avec un liquide fortement dosé en nicotine pourrait avoir des effets encore plus addictifs qu’une cigarette conventionnelle ». Donc plus on vape à forte puissance, plus on devient dépendant ?!
Voilà qui pose question, alors même que de nombreuses études (notamment une relayée par l’excellent site d’info sur le vaporisateur personnel, ma-cigarette.fr) ont justement démontré que l’e-cigarette serait moins addictive que le tabac.
Ce que dit l’étude
Curieux et soucieux comme toujours de vous fournir des informations vérifiées et analysées, nous sommes allés jeter un œil sur l’étude et leurs auteurs.
Eh bien pour une fois, côté auteurs, nous n’avons pu déceler aucun conflit d’intérêt avec l’industrie du tabac, bien au contraire. En effet, il semblerait que les auteurs soient plutôt engagés dans des recherches contre le tabac, le tabagisme, le cancer, etc. Le directeur de l’étude a d’ailleurs travaillé pour une compagnie qui produit des machines à fumer, justement pour les rendre plus performantes.
La méthodologie de l’étude semble d’ailleurs assez précise et tenir compte des modes de consommation des vapoteurs. Les chercheurs ont utilisés des cartomiseurs Vape4Life de haute résistance (3,2 ohms !) et ne parlent en réalité pas vraiment de tension mais plutôt de puissance, ce qui prouve leur connaissance de la vape.
Là où la surprise vient, c’est qu’en réalité l’étude ne parle pas de dépendance, mais bien simplement de taux de nicotine ! C'est donc l'auteur de l'article de Metronews qui extrapole dans le mauvais sens ! Car plus de nicotine, c'est un meilleur sevrage, pas une plus grande dépendance !
Quant à la conclusion de l’étude, elle dit en substance :
« En fonction des conditions des bouffées et des caractéristiques du matériel, 15 bouffées de cigarette électronique délivrent bien moins ou bien plus de nicotine qu’une seule cigarette de tabac. » !
Quant aux résultats, ils démontrent en effet qu’à taux de nicotine constant dans le liquide, vaper à plus forte puissance délivre plus de nicotine. L’autre résultat est que le taux de nicotine dans la vapeur inhalée augmente au fur et à mesure des bouffées successives.
Note : les e-liquides utilisés sont bien des jus américains ; les taux de nicotine étaient compris entre 18 mg/ml et… 36 mg/ml !
Quelles véritables conclusions peut-on tirer de l’étude ?
Si l’on met de côté le sensationnalisme imbécile de l’article de Metronews qui, lui, témoigne d’un manque de connaissance crasse concernant le vaporisateur personnel et la vape ainsi qu’un bien piètre esprit scientifique, voilà ce que l’on peut retenir de l’étude :
- Quand on chain vape, on augmente progressivement le taux de nicotine dans la vapeur produite ;
- Quand on vape à forte puissance, on extrait plus de nicotine du liquide ; la vapeur en contient donc plus.
Loin donc d’être une attaque contre la cigarette électronique, l’étude nous donne des éléments pour mieux accompagner le fumeur dans leur arrêt du tabac avec un vaporisateur personnel. Car ces données sont précieuses en ce qu’elles prouvent ce que la plupart des vapoteurs confirmés pressentaient : le sevrage d’une forte dépendance au tabac est plus facile avec du matériel performant permettant de vaper à des puissances moyennes (au moins 8W).
Donc cette fois-ci, ce n’est pas Big Tobacco qui a frappé, mais le manque de déontologie journalistique et le sensationnalisme…
Bonne vape !
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