Quand Big Tobacco vante l'ecigarette
L’information a fait l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux : l’un des géants mondiaux du tabac, Philip Morris, annonce la disparition de la cigarette de tabac traditionnelle à moyen terme, au profit, notamment, de la cigarette électronique. Soit : c’est ce que tous les vapoteurs appellent de leurs vœux depuis longtemps. Mais la déclaration, relayée à grand renfort de clairons médiatiques, empeste l’indécence la plus crasse. Gros plan et mise en perspective.
Un aveu de responsabilité bien tardif
L’un des premiers scandales de cette affaire, selon nous, est l’espèce de confession hypocrite et mielleuse de Philip Morris qui affirme, par la voix de son directeur général : « Nous fabriquons un produit qui cause des maladies et je pense que la première responsabilité que nous avons dès que la technologie est disponible – et aujourd’hui elle l’est – est de développer des produits comme celui-là et de les commercialiser dès que possible. »
Est-il nécessaire de rappeler, avec le Comité National Contre le Tabagisme, que, pendant des décennies, les géants du tabac, dont Philip Morris, se sont investis dans de vastes campagnes de désinformation extrêmement coûteuses, justement pour réfuter la dangerosité du tabac ?
Est-il nécessaire de rappeler, avec les documentaires Beyond The Clouds et Vape Wave, que les premières politiques de lutte contre le tabagisme ont été retardées de plusieurs décennies, justement à cause de la désinformation de l’industrie du tabac ?
Est-il nécessaire de rappeler qu’aujourd’hui encore le lobbying de l’industrie du tabac freine et contrôle le rythme des politiques de lutte contre le tabagisme, en France, en Europe et dans le reste du monde ?
Est-il nécessaire de rappeler que, partout à travers le monde, les géants du tabac, dont en particulier Philip Morris, attaquent en justice des pays justement à cause de leurs politiques de lutte contre le tabagisme (en Uruguay et en Australie, notamment) ?
OUI, il faut le rappeler. Car nos chers médias qui passent la brosse à reluire au groupe ne font pas cette mise en perspective mais se contentent de relayer l’info, en faisant presque passer Philip Morris pour une organisation bienfaitrice engagée pour la santé publique. Quelle blague ! Ou quelle honte, c’est à voir…
Une mainmise inquiétante sur les alternatives au tabac
Outre donc l’indécence des affirmations de ce géant du tabac, c’est la mainmise qu’il revendique sur les alternatives, dont la cigarette électronique, qui inquiètent.
En effet, dans la même interview au micro de la BBC, le directeur général de Philip Morris avance que, dans la démarche progressive d’abandon du tabac, « les régulateurs ont également un rôle à jouer ». Ces mêmes régulateurs que le même géant du tabac attaque régulièrement quand ils tentent de mettre en œuvre des politiques de lutte.
Mais là, Big Tobacco a une alternative toute trouvée : ses e-cigs de tabac chauffé, Iqos. Alternatives médiocres et ridicules qui ne font pas le poids face à nos vaporisateurs personnels de dernière génération. Alors maintenant, Big Tobacco attend des « régulateurs » (entendez les Etats), qu’ils mettent en place des politiques de santé publique qui contraignent NOS ecigs en faveurs des leurs. Les perdants dans l’affaire : nous, les vapoteurs, les fumeurs, les citoyens, en somme, ballotés sans vergogne et utilisés comme des variables d’ajustement des profits de grands groupes qui ont fait de la mort leur métier.
Bonne vape.
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