Reconstructible : le dry burn est-il dangereux ?
C'est la question que l'on peut légitimement se poser à l'issue des propos du chercheur en chirurgie cardiaque spécialisé sur l'e-cigarette, Konstantinos Farsalinos, largement relayés par les médias de la vape sur internet ces derniers jours. Retour sur un événement qui a fait l'effet d'une bombe dans la vaposphère. Problème sérieux ? Détail sans conséquence ? Tâchons de démêler tout cela.
A l'origine de la polémique : une interview de Farsalinos
RY4 Radio est une radio britannique spécialisée sur la vape et la cigarette électronique. A l'occasion d'une émission, diffusée notamment sur Youtube, le docteur grec bien connu des vapoteurs engagés a accordé une longue interview à cette radio. C'est au cours de cette émission (après la question d'un auditeur sur les différents alliages pour les fils résistif, 43:22) que le chercheur a lancé une bombe. Un auditeur l'interroge sur l'utilisation du titane comme alternative pour réaliser les coils. Farsalinos rétorque que, selon lui, le titane est sans doute une très bonne alternative car il permet d'éviter le nickel et le chrome, qui "ne sont pas bons". Il précise néanmoins qu'il ne sait pas si le titane transmettra du dioxyde de titane à la vapeur, de la même manière que les fils contenant du nickel et/ou du chrome transmettent ces métaux dans la vapeur. Il enchaîne ensuite sur les propos désormais bien connus de celles et ceux qui suivent l'actualité de la vape :
"Je veux conseiller, non seulement aux vapoteurs mais aussi aux reviewers : ne faites pas rougir le coil. C’est l’une des pires pratiques : faire rougir le coil dans le but de serrer les spires ou de vérifier si la chauffe est uniforme. C’est désastreux. Car quand on chauffe le métal jusqu’au rouge, on détruit les liens entre les molécules du métal, facilitant ainsi grandement l’émission de métal dans la vapeur. C’est la pire chose que vous puissiez faire."
Le pavé dans la marre est lancé. La panique commence dans la vaposphère française.
Sur quoi s'appuie le docteur Farsalinos ?
Une chose est sûre, on ne peut pas taxer le docteur Farsalinos d'être à la solde de Big Tobaco comme on dit : il n'a de cesse de combattre les industriels du tabac et de défendre la cigarette électronique. Il est d'ailleurs un des rares chercheurs à effectuer des études sérieuses et documentées sur l'e-cigarette. C'est pourquoi, s'il tient ce genre de discours, il nous semble important de lui accorder un certain crédit et de chercher les motifs de cette prise de position pour le moins surprenante. En effet, le dry burn ou le fait de faire rougir le coil est quasiment au coeur de la pratique des vapoteurs qui utilisent des atomiseurs reconstructibles !
Pour évoquer une potentielle toxicité du dry burn, le docteur Farsalinos s'appuie en réalité sur des études antérieures (et notamment des études de son propre laboratoire, relayées par le site ma-cigarette.fr) qui ont retrouvé des traces de métaux dans la vapeur de cigarette électronique, notamment du nickel et du chrome.
De ce fait, comme le chercheur grec aspire à une vape complètement saine, il recommande de ne pas s'adonner à des pratiques qui risqueraient d'augmenter la nocivité de la vapeur de cigarette électronique. C'est dans cette même logique qu'il recommande de s'en tenir aux e-liquides aux saveurs simples et d'origine ultra contrôlée. M. Farsalinos ne voit pas la cigarette électronique comme un marqueur identitaire, un nouvel univers de plaisir et d'innovation mais comme le meilleur moyen d'arrêter de fumer. L'universitaire regarde l'e-cigarette comme un universitaire, non comme un passionné... et c'est bien ce que l'on lui demande.
Remercions-le de son investissement et soyons vigilants !
Le site vapoteurs.net, suite à la petite panique soulevée par les propos du docteur Farsalinos, s'est fendu d'un billet un peu dur à l'encontre du chercheur pour avancer qu'en réalité, le dry burn ne présente aucun risque, arguments à l'appui. Nous ne sommes pas allés vérifier les informations du site vapoteurs.net sur la chimie des métaux qui composent nos fils résistifs (nous ne sommes pas des chimistes ; concentrons-nous sur ce que nous savons faire...). Néanmoins une chose est sûre : il nous paraît un peu absurde de s'attaquer à l'un des rares scientifiques qui cherchent à étudier en profondeur nos matériels et nos e-liquides et qui défendent la vape. Oui, Farsalinos veut une vape la plus saine possible. Peut-on l'en blâmer ? Certainement pas.
Bien sûr, il est probable que, comme le précise l'étude du laboratoire de Konstantinos Farsalinos, citée plus haut, les quantités de métaux présentes dans la vapeur de cigarette électronique soient faibles et n'aient qu'un impact réduit sur notre santé. En outre, in fine, chacun fait bien ce qui lui plaît. Néanmoins, soyons reconnaissants au docteur grec de nous signaler un aspect potentiellement risqué de notre pratique de vapoteur. Et si nous souhaitons rendre notre vape la plus saine possible, il existe des alternatives : comme le rappelle lui-même le chercheur dans son interview à RY4 Radio, les coilers, comme le Revolver Coil Jig, permettent de réaliser des microcoils sans avoir besoin de le faire rougir. Quant au dry burn, c'est juste très pratique. Si l'on veut se prémunir de tout risque, alors il faut revenir à la bonne vieille méthode : refaire sa résistance.
Pas de panique donc, simplement une information complémentaire à prendre pour ce qu'elle est : une mise en garde de plus pour nous permettre de vaper le plus sainement posible.
Bonne vape !
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